Le 22 janvier, la Compagnie est relevée par la 15/15T , du 7ème Génie. Elle cantonne à Jouy devant Dombasle.
Le 26 janvier, la Cie 16/2 relève la Cie 8/14 près de Esnes, secteur de la côte 304 et de l'Oratoire. La Compagnie prend en charge l'organisation du secteur de la côte 304 ( Pommerieux, Saillant Kieffer). L'ennemi attaque en pleine relève et prend la première ligne. Rampant sur la glace et la neige, par un clair de lune splendide, à 130m d'un ennemi vigilant, les sapeurs creusent une nouvelle ligne (Tranchée Guigauton) et la dotent d'un réseau solide. Relève tournante par secteur, repos à Montzéville.
JMO de la Cie 16/2 du 30 janvier 1917 : Incident, le s/m BERGON Joseph classe 1908 a été tué d'une balle dans la tête.
19
février 1917 : Ma
chère Maria, c'est comme je te le disais hier, on commence
à nous la faire sauter aujourd'hui. Au lieu de mettre du
pain
dans la soupe il a fallu y mettre des biscuits. Question de temps,
c'est le brouillard qui a succédé à la
gelée. Les nuits sont noires on n'y voit pas à un
pas.
20
février 1917
: Ma chère Maria, pour aller au travail nous avons de la
boue
jusqu'aux genoux. Je ne comprends pas comment on peut y tenir. Nous
sommes tous couverts de boue de la tête aux pieds. Je te
promets
que l'on passe un jolie mardi gras. Faut espérer que
l'année prochaine on le passera tous ensemble.
21
février 1917
: Ma chère Maria, j'ai à t'annoncer que j'ai
reçu
le colis hier soir, je te remercie, je l'ai trouvé
excellent. Au
moment où je l'ai reçu je quittais l'escouade
pour aller
où je te disais l'autre jour. J'étais
prêt pour
monter au travail et ils m'ont fait un grand plaisir car ce n'est pas
le filon avec cette boue à des endroits où on en
a
jusqu'aux genoux. Il y a beaucoup d'évacués.
22
février 1917
: Ma Chère Maria, je fais réponse à ta
lettre du
17 que j'ai reçu ce soir sachant que vous êtes
tous en
bonne santé et surtout cette jolie gravure que m'a
envoyé
le petit Marcel. Je te promets mon petit Marcel que je la garde comme
relique, elle est dans mon portefeuille. Pour la peine je t'envoie des
poutous. J'ai à vous dire que je suis en bonne
santé, et
en attandant d'aller à l'instruction je travaille
à
l'abri du capitaine. Ma section est toujours en ligne. Je te
félicite, je trouve le pâté excellent
ainsi que les
gâteaux secs çà va très bien
pour
déjeuner le matin. J'ai à te dire que les perms
marchent
toujours, je pense y revenir au commencement du mois d'avril.
24
février 1917
: Ma chère Maria, je travaille toujours
à l'abris
du capitaine qui se trouve à 3 kilomètres des
lignes et
par conséquent on travaille de jour. J'ai les nuits pour
dormir,
on commence à 8 heures du matin jusqu'à 4 heures
du soir,
tu vois que çà n'est pas trop dur. Le secteur est
toujours aussi tranquille, ma section descend demain soir pour prendre
deux jours de repos. Ils sont tous en bonne santé, le
caporal
n'est toujours pas rentré de perm mais il ne va pas tarder.
26
février 1917
: Ma chère Maria, je travaille toujours à l'abris
du
capitaine, celà veut dire que je ne suis pas en
première
ligne. Hier j'ai reçu une carte d'Antonin VERDIER, il me dit
qu'ils sont relevés depuis 4 ou 5 jours, ils sont au repos
au
camp de Mailly. Il n'en ait pas faché, celà je le
crois,
avec cette boue ce n'est pas le filon surtout pour les
fantassins.
28
février 1917 : Ma
chère Maria, aujourd'hui je suis revenu à
l'instruction.
Nous partons à 7h00 et on revient à 5h00. Pour
déjeuner on fait la cuisine sur place. Je suis
très bien,
quant au temps il est variable. Je croyais qu'il allait neiger, il en
est tombé quelque peu mais çà n'a pas
duré.
Aujourd'hui ni hier je n'ai eu de lettre de personne.
2
mars 1917
: Ma chère Maria, hier soir j'ai reçu le colis du
poulet,
peut être que ce soir je recevrai l'autre. Je ne
peux pas
te dire si c'est bon je ne l'ai pas encore ouvert. Demain je pourrai
t'en donner des nouvelles. Aujourd'hui belle journée aussi
les
avions se promènent . Je pense que d'ici 3 ou 4
jours nous
allons démarrer d'ici pour aller au repos. Dieu merci nous
ne
l'aurons pas volé.
8
mars 1917
: Ma chère Maria, tu me dis que tu attendais ma nouvelle
adresse
pour m'écrire et bien je n'ai pas changé, on
revient tous
les soirs au cantonnement. Aujourd'hui nous avons repos, j'en profite
pour faire laver mon linge et je te promets qu'il faut en avoir besoin
car il fait très froid., il y a au moins 15
centimètres
de neige. Je crois qu'André devait être content
d'avoir
attrappé tant de poissons, c'est une jolie
pêche.
JMO de la Cie 16/2 du 7 mars 1917 : Le soir, la 2ème section monte à Esnes, remplacer la 3ème qui rentre à Montzeville.
9
mars 1917
: Ma chère Maria, mon frère aussi va bien, je
viens de
recevoir une de ces cartes ainsi que CANTAREL. Il y a autant de neige
ici que l'autre jour et un froid, c'est un mauvais pays. Je te promet
que si on s'en sort je ne viendrai pas y habiter. Au moment
où
je t'écris on entend un violent bombardement du
côté de la Champagne. Je ne sais pas si c'est les
boches
ou nous mais çà cogne dur.
11
mars 1917
: Ma chère Maria, me voici avec mon escouade, ils sont
descendus
hier soir en bonne santé. Me voilà chef
d'escouade, le
caporal étant évacué. Et
çà va
barder, surtout que j'en ai quelques un de jeunes, deux de la classe
17, un de la classe 16 et un de la classe 15. Les autres deux
sont raisonnables, je suis le papa aussi ils m'écoutent.
J'en
suis très content, je viens de faire une liste pour aller
à la soupe chacun à son tour et pour faire la
vaisselle.
JMO de la Cie 16/2 du 10 mars 1917 : Le soir, la 3ème section monte à Esnes, remplacer la 4ème qui rentre à Montzeville.
12
mars 1917
: Ma chère Maria, quand tu me feras un colis tu pourra me
mettre
une savonnette celle que j'ai est à fond et dans la lettre
quand
tu me feras réponse deux plumes. Ici le temps s'est
radoucit,
celà n'empeche pas qu'il y a beaucoup de boue, c'est
forcé avec tout le roulement qu'il y a sur les routes. Ici
je
n'ai eu de lettre de personne aujourd'hui, je serai peut être
plus heureux, celà distrait un peu. Surtout depuis trois
jours
on ne fait rien, boire, manger et dormir. Demain soir je remonte en
ligne avec la section, on aura un peu plus de distraction.
14
mars 1917 : Ma
chère Maria, je suis monté en ligne hier soir, je
n'y suis pas cantonné, nous sommes dans un village
à 1 kilomètre des lignes. Le temps s'est beaucoup
radouci, aussi il pleut de temps en temps. Si tu voyais ces
tranchées, il faut passer dans la boue jusqu'aux genoux.
Dire que les fantassins sont obligés d'y prendre la garde.
Nous encore çà va une fois que l'on est dans les
abris on travaille à sec. Aujourd'hui je viens de manger du
poulet que MORA, celui de Marmande, vient de recevoir.
15
mars 1917 : Ma chère Maria, je viens d'arriver
du travail, nous avons travaillé de jour, aussi cette nuit
je vais la passer au plumard. Et demain nous sommes de jour au
cantonnement. On ne reviendra au travail qu'après demain de
jour. Le secteur est tranquille depuis quelques jours. Je vois sur les
journaux qu'à Soissons çà barde plus
que l'année dernière quand on y était.
Ils l'ont bombardé avec des obus incendiaires. Je pense que
les civils doivent avoir déménagé. En
Champagne çà barde aussi, mon frère
n'en est pas loin, je n'ai pas de nouvelle depuis 7 à 8
jours.
Le 18 mars, la Cie 16/2 participe à l'attaque de la côte 304. Elle transporte vivres et munitions, elle répare les tranchées. Elle perd trois blessés et un tué, le Caporal SAMPIERI.
JMO de la Cie 16/2 du 18 mars 1917 : Dans la nuit du 18 au 19 la Compagnie a éré alertée. La 2ème Section, au repos à Montzéville, s'est tenue prête à partir. La 3ème Section cantonnant à Esnes, e été mise à la disposition du Chef de Bataillon commandant le 5ème Bataillon du 330ème R.I. (132è D.I.) et a transporté des vivres et des munitions pendant les attaques, en 1ère ligne à la côte 304. La 4ème Section, cantonnée également à Esnes, mise à la disposition de la 18ème Compagnie du 366ème R.I. (132ème D.I.) a travaillé en premières lignes au déblaiement d'abris et de tranchées (côte 304). Trois blessés à la 3ème section : -GAUTHIE Marius m/o 11è escouade, blessé grièvement proposé pour la médaille militaire -GERARD André sergent 10è escouade, blessé -GASTON Pierre s/m 14è escouade, blessé légèrement
18
mars 1917 : Ma chère Maria, en lisant le
journal d'hier j'ai vu qu'en Russie l'empereur est prisonnier des
révolutionnaires. Il faut en arriver là,
c'est trop long trois ans de guerre. Il y a trop longtemps
qu'ils nous bourrent le crâne. Je crois que la fin
s'approche. Je suis toujours à 304, le temps est
très beau et la boue a séché un peu.
Je n'ai pas reçu de nouvelles de mon frère
encore, je ne sais pas ce que fait la poste. Hier soir la section
n'avait que deux ou trois lettres, jamais il n'y en avait eu si peu.
20
mars 1917 : Ma chère Maria, hier soir j'ai eu
des nouvelles de mon frère, il se porte bien, il me dit
qu'il a vu MAFFRE du Moutet le gendre de PECHAGUT, qui arrivait de
permission. Il lui a dit qu'il vous avait vu en bonne santé.
Ici toujours pareil, bombardement de temps en temps et la neige tombe
pour arranger l'affaire.
21
mars 1917 : Ma chère Maria, je fais
réponse à ton aimable lettre datée du
17 que je viens de recevoir toujours avec grand plaisir, surtout de
vous savoir tous en bonne santé. Quant à moi j'en
suis de même ainsi que mon frère dont je viens de
recevoir de ses nouvelles. Son Lieutenant est en perm alors il a le
temps d'écrire. Il me dit aussi qu'il a vu Alphonse qui
déscendait des tranchées. On lui a
annoncé qu'il partait pour le depôt pour instruire
les nouveaus récupérés, tu parles s'il
devait être content. Isorine va être contente, je
lui souhaite bonne chance. Enfin dans la Somme les boches battent
toujours en retraite. Je ne sais pas s'ils nous réservent
quelque surprise, ils sont assez vaches, enfin celà ne
prouve pas sa supériorité. Je m'arrête
car la soupe arrive et le ravitaillement va arriver pour emporter les
lettres.
JMO
de la Cie 16/2 du 25 mars 1917 : Incident : Le Caporal SAMPIERI,
blessé sérieusement, proposé pour la
médaille militaire.
JMO de
la Cie 16/2 du 27 mars 1917 : Incident : Le Caporal SAMPIERI, est
décédé au centre hospitalier de Fleury sur Aire.
JMO de la Cie 16/2 du 28 mars 1917 : Incident: Le s/m DUCHAMP, employé à la confection des réseaux devant Grosclaude, tué au cours d'un tir de barrage.
25
mars 1917 : Ma chère Maria, aujourd'hui je
viens de recevoir des nouvelles de mon frère, il est en
très bonne santé et me dit qu'il a
changé de secteur. Sans doute qu'ils ne sont plus avec la
même Division. Ici le secteur est calme pour le moment et le
temps est très beau. La nuit il gèle quelque peu
mais le jour il fait un soleil magnifique.
1
avril 1917 : Ma
chère Maria, je viens de recevoir des nouvelles de mon
frère, lui aussi il se plaint que les perm ne marchent pas
trop vite. Je m'en aperçois moi aussi, au lieu d'y aller ce
mois ci ce sera le suivant, le temps sera meilleur.
2 avril 1917 :
Ma chère Maria, c'est avec plaisir que je viens de recevoir ta
lettre datée du 18, surtout de savoir que vous êtes tous
en bonne santé. Quant à moi j'en suis de même
malgré le mauvais temps qui continue à sévir. Tu
m'annonces le mort de ce pauvre Trophime. Il y avait longtemps que je
n'avais pas eu de ses nouvelles, toujours quelqu'un qui s'en va. Tu
dois savoir par les journaux que nous allons toucher la moitié
de la haute paye ainsi que la moitié de l'indemnité de
tranchées. L'autre moitié on la touchera après la
libération. Je vais toucher dans les 1fr par jour, vu qu'il faut
y rester quand même c'est toujours bon. Toi aussi tu vas toucher
0.50fr en plus. Tu diras à Génie FICHE qu'elle souhaite
de bonjour de ma part à Victor.
4 avril 1917
: Ma chère Maria, tu dois dire que j'en met pas long sur mes
correspondances, que veux-tu, je ne sais quoi mettre en écrivant
tous les jours. Ici c'est toujours pareil et puis je n'aime pas
à raconter ce que l'on fait. Les lettres seraient
peut-être censurées et vous n'en seriez pas plus
avancés. Ce que je puis te dire c'est que le temps est assez
beau et que çà me va pour sécher mon linge.
6 avril 1917
: Ma chère Maria, je viens de recevoir une carte de mon
frère, il est toujours au même endroit mais il a
changé de secteur, sa santé va bien aussi. Ici le temps
est très beau, on voit que l'on arrive au printemps. C'est pas
trop tôt, on souffrira un peu moins.
13 avril 1917 : Ma chère Maria, ici toujours pareil.
Le 16 avril, elle est relevée par la Cie 16/52. Elle cantonne à Brocourt où elle suit une instruction sur les ponts renforcés.
21 avril 1917
: Ma chère Maria, demain matin nous revenons où nous
étions, l'instruction est finie. Pour le moment je ne crois pas
que la marche soit pénible car on nous porte les sacs sur les
voitures, c'est la troisième fois qu'on nous le fait. Le
Capitaine vient toujours de meilleur en meilleur, tous ne le font pas.
L'autre Compagnie qui est venue avant nous a été
obligé de les porter sur le dos. Aujourd'hui il fait une belle
journée, si çà continue celà nous irait
bien pour demain.
Du 22 avril au 25 juin, la Cie 16/2 relève la Cie 16/52. Le plateau de Pommervieux est organisé, des abris sont creusés et grâce à tous ces travaux, le plateau, lors de la grande attaque ennemie de juin 1917, est le pivot de la défense.
27 avril 1917 : Ma
chère Maria, aujourd'hui je n'ai pas de lettre de personne,
j'aurai cru en avoir une de mon frère, étant en perm il a
le temps d'écrire. Je vais te dire qu'hier j'ai mangé une
omelette au jambon, çà doit te surprendre et pourtant
c'est vrai. C'est MORA qui a reçu les oeufs, c'est un camarade
qui lui a porté de perm. Il y en avait deux douzaines, nous en
avons encore douze pour en faire une autre. Je te promet qu'on la
mangeait de meilleur appétit que la viande.
29 avril 1917
: Ma chère Maria, je n'ai pas grand chose à t'annoncer,
ici toujours pareil, je suis de repos 48 heures ce soir. Nous venons de
manger le canard, je l'ai trpuvé excellent, ainsi que mes
camarades car je ne l'ai pas mangé tout seul. Tu peux le penser,
quand il y a un colis on le mange entre nous. Celà fait que
c'est rare s'il n'y en a pas un toutes les semaines.
2 mai 1917 : Ma
chère Maria, tu dois trouver que ma correspondance est un peu en
retard, c'est que je ne suis plus à la Compagnie depuis hier.
Nous sommes 10 jours pour faire l'instruction des fantassins des
torpilles d'assaut. Le Lieutenant nous a dit qu'on était
appelés à y rester quelque temps, çà va me
retarder la perm. Mais je m'en fiche, ici on les aura. Hier j'ai
reçu la lettre que mon frère m'a écrit la veille
de son départ, çà a été vite
passé. Je te dirai que le temps est toujours super nous avons
une petite rivière qui passe à côté
d'où nous sommes. Je vais me monter une ligne et quand j'aurai
le temps j'irai faire une tournée. Tu me mettras un billet de 5f
dans la lettre. Fleury sur aire.
7 mai 1917: Ma chère Maria, l'autre jour je te disais que ma perm allait
être retardée, pas du tout, il y en a deux qui sont partis
hier au soir, alors je partirai à mon tour. Je viens de recevoir
une carte de Jules VERDIER, il me dit qu'il croit partir en perm sous
peu, il est toujours en bonne santé. Le temps ici est toujours
beau, j'espère que chez nous c'est pareil. Les cultivateurs ici
travaillent bon train.
11 mai 1917
: Mon cher Marcel, je ta remercie de la branche de lilas que tu m'as
envoyé hier, ainsi que les poutous que tu as ajouté.
Aussi je m'empresse de t'envoyer cette jolie carte pour te dire combien
je suis heureux et en même temps de t'envoyer autant de poutous
ainsi qu'à André et Marcelle. Sous peu de jours,
j'espère vous embrasser de plus près. Tu pourras dire
à André qu'il prépare les lignes nous allons faire
quelques tours ensemble
JMO de la Cie 16/2 du 13 juin 1917 : Incident : Le Capitaine KAUFFMANN, commandant la Compagnie, évacué pour maladie. Le Lieutenant GOULETTE prend le commandement de la Compagnie.
Du 27 juin au 21 juillet, la Compagnie est au repos à Pontvarin (Haute Marne).
JMO de la Cie 16/2 du 6 juillet 1917 : Le Capitaine KAUFFMANN, évacué, rentre à la Compagnie.
7 juillet 1917 : Ma
chère Maria, voilà une vue du village où j'ai
été faire un petit repas l'autre jour. Il se trouve
à 3 kilomètres d'où je suis. Comme je le disais
hier à mon frère, ce soir nous avons concert. Je viens de
faire vingt bancs de quatre mètres de long pour faire asseoir
les civils. Le temps ici est au beau je souhaite que chez nous ce soit
pareil.
Le 21 juillet, la Compagnie est amenée dans le secteur du Mort-Homme pour l'organiser en vue d'une attaque de longue envergure.
Le 20 août, assaut sur le Mort-Homme , 24 blessés. Les sapeurs sont chargés de nettoyer les fameux tunnels du Kronprinz, de Bismarck et d'exécuter des reconnaissances offensives, 8 blessés, 4 disparus. Le Cie 16/2 se retrouve aux côtés du 143ème. De nombreux prisonniers allemands sont faits dans les tunnels. Les sapeurs détruisent de nombreux canons de 77.
Le Mort Homme
JMO de la 32è D.I. du 20 août 1917 : A 4h40 se déclenche l'attaque générale de la IIème Armée sur le front Avocourt-Bezonvaux, après une préparation formidable d'artillerie qui dure depuis le 11 août. Sur le front du 16è C.A. entre la Hayette et la Meuse, l'attaque est menée par la 31è D.I. et la Division Marocaine (4 régiments) et atteind tous les objectifs fixés : tranchée de Hambourg, plat de Cumont, ouvrages 1,2,3 et côte 265. Les Compagnies 16/2 et 16/52 prennet une part brillante à l'attaque de la 31è D.I. en nettoyant les abris, en explorant les tunnels et en prenant part aux reconnaissances chargées de détruire les canons et abris. Le Capitaine KAUFFMANN a été blessé et a été remplacé par le Lieutenant GOULETTE, le Capitaine PY (16/52)obtient la reddition de nombreux officiers et soldats allemands à l'entrée du tunnel du KRONPRINZ.
Extrait du JMO de la Cie 19/2 - assaut du Mort Homme- 20 et 21 août 1917
Verdun : l'offensive française du 20 août 1917
JMO de la Cie 16/2 du 22 août 1917 : Incidents : s/m GEORGET, LOUDEIX, DUPONT évcués. s/m CASSAYRE, ESPEROU, RODIER, DOMERGUE disparus.
JMO de la Cie 16/2 du 26 août 1917 : Incidnets : s/m BABIN évacué.
31 août 1917 : Ma
chère Maria, je vais te dire que depuis hier soir je suis garde
matériel du génie. Je n'ai qu'à préparer le
matériel qu'il faut pour le soir, c'est à dire les
charges pour les bourriquots. J'ai une bonne cagna à 300
mètres en arrière de la Compagnie. Il vaut mieux
çà que d'aller travailler en ligne. Le Lieutenant qui
commande la Compagnie est très bon pour les vieux. Le Capitaine
a été blessé pendant l'attaque à une jambe.
5 septembre 1917 : Ma
chère Maria, j'ai à te dire que MERLET a
été légèrement blessé hier soir,
mais ce n'est rien il est venu me voir. Ces cochons de boches nous ont
lancé des gaz, j'en ai beaucoup souffert cette nuit,
j'espère que cette nuit elle sera meilleure, quant à la
perm j'attends toujours, d'un jour à l'autre je pense partir. Je
viens de recevoir une carte de CANTAREL, il se porte bien ainsi que mon
frère.
La Compagnie reste encore en secteur jusqu'au 5 octobre. Elle part en repos à Vesoul et Port sur Saône (Haute-Saône).
11 octobre 1917 : Ma
chère Maria, je t'envoie cette carte pour te faire savoir
à peu près où je suis. La maison ne peut pas se
voir mais elle est tout à fait à côté de ce
champs de foire. Les voitures y sont cantonnées ici. Le temps
s'est remis au beau aujourd'hui, il fait une journée splendide,
mais la Saône a bougrement monté. Il doit avoir beaucoup
plu par ici, seulement à cette saison, çà ne fait
pas mal à grand chose. Ce n'est que des prairies et les foins
sont rentrés.
12 octobre 1917
: Ma chère Maria, j'ai à te dire que l'hiver va commencer
bientôt, ici ajourd'hui il pleut et le vent est glacé et
je te promet qu'il souffle. A l'instant je viens de voir mon escouade
car je ne suis pas cantonné avec eux. Je te l'ai marqué
avec une croix sur la photo. MORA, celui de Marmande, avec un autre
d'une autre escouade, se sont embauchés pour presser des pommes.
Ils y vont 6 heures par jour et le patron leur donne 2 fr. C'est
très joli et puis ils ne sont pas embêtés pour
faire les corvées. MEAULLAU n'est pas encore rentré de
perm, mais je crois qu'il ne tardera pas, demain ou après demain.
Henri est nommé Caporal le 18 octobre 1917.
JMO de la 32è D.I. du 24 octobre 1917 : ...les permissions sont portées dans une période à 30 %.
29 octobre 1917
: Ma chère Maria, ici toujours le mauvais temps, il pleut tous
les jours, et je commence à n'avoir pas chaud aux pieds avec les
chaussettes de coton. Tu me disais sur la dernière lettre que tu
allais faire le colis le lendemain. Je ne le vois pas souvent arriver
et les lettres non plus, la dernière est datée du 16.
Celà fait bientôt 10 jours, quand est-ce que finira cette
vie d'être obligé d'écrire pour avoir des
nouvelles. Hier j'attendais une lettre de toi, c'est pour
çà que je n'ai pas écrit. Je suis toujours avec
mes ouvriers à faire de la menuiserie.
30 octobre 1917
: Ma chère Maria, je te promet que ce matin il ne faisait pas
chaud, il y avait beaucoup de gelée blanche, mais la
journée est très belle, il vaut mieux çà
que la pluie. Tu me dis que dans ou quatre jours tu vas m'envoyer les
chaussettes, je te promets qu'elles seront les bienvenues. Nous allons
toucher des sabots, sitôt que nous serons rendus, ainsi que des
peaux de moutons. Je ne sais pas si nous partons demain d'ici. En tout
cas nous avons une autre étape à faire. D'après
les journaux nous avons les italiens qui se replient, çà
n'a pas l'air d'aller bien pour eux. Vraiment il faut qu'ils soient
bien fort pour taper partout à la fois. Je viens de recevoir des
nouvelles de mon frère, il se porte bien et doit aller en perm
sous peu.
1er novembre 1917 : Ma
chère Maria, je suis toujours au même endroit mais pas
pour longtemps, demain nous partons, nous allons du côté
de Montbéliard. A 4 kilomètres de la frontière
suisse. Moi et quatre hommes nous restons jusqu'à
après-demain, pour attendre une autobus qui doit venir chercher
le magasin de la Compagnie. Celà fait que je vais faire la route
en auto. Aujourd'hui il fait une journée magnifique. Je voulais
aller à la messe ce matin, mais je n'ai pas eu le temps, la
section était de jour. Les perm sont diminuées, au lieu
d'y avoir les 30/100 ce n'est que le 10/100, enfin j'espère y
aller à la fin de ce mois ci.
2 novembre 1917
: Ma chère Maria, ce matin nous avons changé de
cantonnement et demain nous repartons pour le cantonnement où
l'on doit s'arrêter pour finir le repos. Le temps a
été très beau, il s'est un peu radoucit, je crois
qu'il va repleuvoir, le temps est couvert. Où nous sommes pour
le moment le terrain est moins montagneux. C'est à peu
près comme du côté de Lavit.
JMO de la 32è D.I. du 2 novembre 1917 : Le Cie 16/2 va cantonner à Froidefontaine, Marvillers.
L'ALSACE :
Le 3 novembre, le Compagnie se rend en Alsace, organise des positions à l'est d'Hinligen, puis dans la région de Roderen et Guevenheim. Des travaux sont réalisés à Strueth et Lepuix (Territoire de Belfort).
JMO de la Cie 16/2 du 4 novembre 1917 : Le Lieutenant GOULETTE commandant provisoirement la Compagnie est évacué. Le Lieutenant GRANDPERRIN prend le commandement de la Compagnie.
6 novembre 1917 : Ma
chère Maria, je vais te parler un peu de mon travail ici qui
consiste à (ne pas) faire grand-chose. Ce matin on nous a
distribué 3 ou 4 théories, tu penses comment je vais les
abimer et ce soir nous avons fait quelques travaux de charpente qui
m'intéressaient d'avantage. Demain il y a théorie sur les
machines, tu vois je recommence mon apprentissage. Il y en a quelques
un de jeunes que çà les intéresse, mais moi j'en
ai soupé de toutçà, enfin çà vaut
mieux que le Mort-Homme.
9 novembre 1917
: Epinal, Ma chère Maria, ici le temps est pluvieux et froid
aussi nous avons installé un poëlle dans la chambre. et ma
foi on est pas trop mal, on y finirait bien la guerre. D'après
les journaux aujourd'hui la Russie est en révolution, ce qui va
permettre aux boches de pousser plus loin. C'est comme les Italiens,
ils avancent vers Rome. Seulement les plus couillons ç'est nous,
il faut être de toutes les sauces, enfin çà finira
bien un jour, il faudra que çà crève d'un
côté ou de l'autre. tu ne sais ce que l'on fait toutes les
après-midi et bien nous sommes dans une salle chauffée en
train de faire des plans d'abris, tu vois çà d'ici, on
peut y tenir.
18 novembre 1917 : Epinal,
Ma chère Maria, j'ai gouté le canard que tu m'as
envoyé, je l'ai trouvé excellent, il y a de la
différence avec la bidoche qu'on nous donne ici et c'est mal
préparé. Ce n'est pas la peine qu'on y mette des femmes
pour faire la cuisine. Celles qu'il y a ici sont plus sales que
les hommes. C'est vrai que c'est des femmes de la plus basse classe,
c'est honteux de voir çà, je ne t'en dis pas plus sur le
chapitre. Aujourd'hui dimanche nous avons repos mais le temps ne s'est
pas mis de la partie. Il n'est pas si beau comme hier, aussi nous
gardons le poële.
19 novembre 1917
: Ma chère Maria, je viens à l'instant de recevoir ta
lettre datée du 16 qui m'a fait grand plaisir, sachant que vous
êtes tous en bonne santé, quant à moi il en est de
même. Tu me dis que les correspondances ne marchent pas
régulièrement. Cà c'est à cause des
transports de troupe que l'on a envoyé en Italie. Mais
maintenant c'est fini, çà va recommencer comme
auparavant. Tu me dis que MERLET a retrouvé son paquet qu'il
m'avait laissé, tant mieux. Mais comment celà se fait,
est il retourné à sa Compagnie au Mort-Homme. Je croyais
qu'il était revenu après qu'on a été
relevé. Heureusement que son colis ne valait pas grand-chose. je
ne me serai pas donné la peine d'y revenir, moi pour le
chercher. Car j'aurai eu trop peur de retrouver les ? dont tu me parles.
Le 20 novembre, repos à Bourg (Territoire de Belfort).
21 novembre 1917
: Epinal, Ma chère Maria, ici le temps est à la pluie,
c'est à dire un temps d'hiver, malgré çà il
ne fait pas trop froid. Après-demain nous allons à Raon
l'Etape voir un champ d'aviation, on ne revient que samedi soir par le
train. Aussi comme je te l'avais annoncé, peut-être je
n'écrirai pas.
26 novembre 1917 : Ma chère Maria, je pars demain matin
pour rejoindre la Compagnie. Ce n'est pas trop tôt car
çà va de plus en plus mal pour la nourriture. Cette nuit
il a neigé quelque peu et il faisait un petit vent qui
n'était pas chaud du tout. Ce matin nous sommes allés
visiter le Fort de Longchant en voiture. C'est un des forts de la place
d'Epinal. Et je te prie de croire qu'il faut y être dessus pour
le voir et encore on ne voit pas grand chose. C'est tout fait en ciment
armé et sous terre éclairé par
l'électricité, c'est quelquechose de magnifique à
voir.
Le 1er décembre, la Cie 16/2 cantonne à Rodern et Roderen et Guevenheim.
26 décembre 1917 : Ma
chère Maria, je me décide à te donner de mes
nouvelles vu que encore je ne suis pas parti. Ma perm n'est pas
encore arrivée du commandant. Cà ne me dérange pas
parceque je vais reprendre mon tour à la prochaine. Seulement
voilà deux ou trois jours que je n'ai pas écrit, croyant
toujours partir et vous devez vous faire du mauvais sang. Rassures toi,
hier on a changé de cantonnement et je t'envoie la photo du
village où nous sommes toujours en Alsace. Ce matin j'ai
été à la messe, il y a une jolie église,
les gens parlent beaucoup mieux le boche que le français, mais
ils sont très aimables. Hier soir on allait manger la soupe,
comme toujours par terre, le patron est venu en nous disant je ne veux
pas que vous mangiez comme çà, vous allez me faire le
plaisir de rentrer et de manger à notre table, et tous les
jours. On ne peut pas lui refuser çà. Ce village est
à 4 kilomètres des lignes, tel tu le vois tel il est et
tous les habitants y sont restés.