1919

Le front d'orient
1er janvier 1919 :
Mon
cher Marcel, j'aurais été très content
d'être auprès de toi pour te souhaiter beaucoup de bonnes
et heureuses années, faute de mieux je t'envoie cette carte qui
sera mon porte parole en attendant la libération
définitive. J'espère que l'année prochaine nous
serons tous réunis et en bonne santé. Ton papa qui
t'envoie beaucoup de poutous.
8 janvier 1919
: Salonique, mon cher frère, j'écris toujours à la
même adresse, mais j'ai bien peur que quand la lettre te
parviendra tu seras parti, car tu vas être
démobilisé sous peu. Quant à nous il n'y a pas
encore du nouveau, nous sommes obligés de rester encore quelque
temps de plus. Je suis très bien, je ne plains pas, il n'y a que
les lettres qui n'arrivent pas vite. La dernière que j'ai est
datée du 7 décembre. Tu vois qu'elles sont
fraîches.
9 janvier 1919
: Salonique, ma chère Maria, ici il pleut depuis avant-hier.
J'ai vu sur le journal d'hier que la Seine avait débordé,
il doit pleuvoir en France aussi. Il vaudrait mieux du froid, le temps
serait plus sain, la grippe disparaîtrait peut-être.
L'autre jour nous avons enterré un camarade du même
détachement que je suis arrivé. Dans deux jours il a
été mort de la grippe, son frère en est mort en
France il y a quatre mois. Hier j'ai reçu une carte de Jules
VERDIER, datée du 3 décembre, il ne va pas tarder
à rentrer chez lui en faisant partie de la classe 94 avec ses 3
enfants. Bissières François Caporal 2ème
Génie Compagnie O/3 secteur 510.
16 janvier 1919
: Salonique, ma chère Maria, ici toujours pareil, pas de
changement, cette nuit il a gelé fort mais la journée est
belle. Cet après-midi je vais voir un camarade qui est à
l'hôpital, il m'a écrit d'aller le voir pour lui porter
les lettres. Mais il est comme moi, il peut se brosser, il en a pas.
31 janvier 1919
: Salonique, mon cher Marcel, c'est avec plaisir que j'ai reçu,
l'autre jour, une jolie carte pour me souhaiter la bonne année.
je t'envoie celle ci pour te faire savoir des nouvelles de ma
santé qui est toujours très bonne et souhaite que la
présente vous en trouve de même à tous.
3 février 1919
: Salonique, ma chère Maria, j'ai à te dire aussi quelque
chose qui va te faire plaisir et à moi aussi. Je viens de donner
mon adresse pour établir ma perm illimitée 9.8 et 9.9.
J'espère partir dans une douzaine de jours. C'est la grande perm
cette fois-ci. Le petit Marcel va être content, je n'oublierai
pas le fusil que je lui ai promis. En attendant le plaisir de se revoir
sous peu en bonne santé. Recevez de votre cher Henri ces
meileurs baisers. Le plus embêtant c'est que je vais perdre ma
place d'embusqué, qu'en dis tu ?
5 février 1919
: Salonique, ma chère Maria, je n'ai pas grand chose à te
dire si ce n'est que je n'ai pas encore de vos nouvelles celà va
faire un mois. Je le trouve un peu long, si ce n'était
çà je suis très bien. J'aurai bien voulu faire la
guerre ici, nous sommes des embusqués à côté
du front français si la guerre ne s'était pas
arr^tée.
6 février 1919
: Salonique, mon cher André, c'est avec plaisir que je vais
t'annoncer bientôt mon départ pour la France. Je pars
demain pour aller à l'hôpital, pas comme malade, c'est
là où se prépareront les départs. Ton
père qui t'embrasse bien fort.
6 février 1919
: Salonique, mon cher Marcel, je t'écris ces quelques mots pour
t'annoncer que je vais partir pour la France. Demain nous quittons la
base pour aller dans un hôpital où ils préparent
les transports par bateaux. Quand je prendrai le bateau je vous
enverrai un mot.