Champagne 1915
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Du 1er au 07/01, le 143ème est en première ligne à l'ouest de Wytschaete.
Le 8 janvier, il est relevé par les troupes anglaises.
Les 14 et 15 janvier, le Conseil de guerre du régiment condamne deux soldats à 6 mois de prison pour abandon de poste.

19 JANVIER  19 JANVIER   19 janvier 1915 : Nous sommes toujpours à Dunkerque avec le détachement du 16ème Corps. Nous partirons bientôt, sans doute pour rejoindre le Régiment. Je reverrai sans doute DAUCH et GENIE, s'ils y sont encore. 

Après quatre jours de combats à Ypres où il laisse 8 tués et 10 blessés, il cantonne au repos à Poperinghe jusqu'au 30janvier.
A partir du 31 janvier, le 143ème est déplacé en Champagne, il débarque à Epernay le 21 février.

1 février  1 février  1er février 1915 : Mon bras ne me fait plus mal et je suis de bon appétit. DAUCH est un peu enrhumé mais il me dit qu'il est de bon appétit. BILAS Georges et GENIE il y a trois jours que je ne les ai pas vu. Avant-hier j'ai reçu une lettre de mon frère qui était partie le 10 janvier. Il me dit que monsieur ANDRIEU est parti et qu'il est ordonnance de son remplaçant. J'ai reçu une lettre de mon cousin Jules qui m'a fait bien plaisir. Nous avons de la neige mais il ne fait pas froid.

LE BOIS SABOT                                       carte  

Il reste en réserve jusqu'au 7 mars, jour où la 64ème Brigade attaque en Champagne une position ennemie très défendue, celle du Bois Sabot, à 1800m à l'ouest de Souain.

La position du Bois Sabot est attaquée le 7 mars par le 15ème R.I.. Le 143ème reste en réserve dans la tranchée de deuxième ligne du Bois Carré.

Le 8 mars, le 143ème s'installe sur le terrain gagné par le 15ème.

Le 9 mars, le 143ème reçoit l'ordre de poursuivre l'attaque en direction de la Côte 170 et du Trou Bricot . Le terrain est bouleversé, la marche est entravée. Les bataillons sont pris à partie par un feu meurtrier d'artillerie lourde et de mitrailleuses. Le 143ème a gagné 100 mètres, de violentes contre attaques ennemies sont enrayées. Ordre est donné de tenir le terrain.

Le 143ème est relevé par le 15ème, le régiment cantonne à Suippes.

9 mars  9 mars  9 mars 1915 : Petit Marcel, je t'envoie cette carte pour te dire que ton petit papa se porte bien. Il te remercie de la pomme et des oranges que vous m'avez envoyé, je les ai trouvées excellentes. Tu diras à maman que tous les camarades se portent bien. Tu souhaiteras le bonjour à Marie BENAC à BOSC ainsi qu'aux autres voisins.

Le 13 mars, le 143ème relève le 15ème, les préparatifs d'une nouvelle attaque durent jusqu'au 15 mars. L'attaque est déclenchée, les combats sont violents, souvent au corps à corps. Les pertes sont énormes, mais le résultat recherché est atteint par la prise d'un blockhaus, position importante arrachée à la Garde Prussienne. Ces attaques ont coûté au régiment 9 officiers, 29 sous-officiers et 425 soldats morts au Champs d'Honneur.


LE TRAPEZE – MESNIL LES HURLUS                              carte

19 mars  19 mars  19 mars 1915 : Il vient d'arriver un détachement du 80ème pour le 143ème. Il se trouve que Joseph ANDRIEU est du nombre, tu parles si on est content. Il y a aussi TOILAT de Castelmayran. Jules PLANTADE est revenu des tranchées ce matin, il est venu me voir, il se porte bien. Quant à nous, noud allons y revenir ce soir pour trois jours. Je n'ai pas reçu le colis. Je suis en bonne santé ainsi que Jules DAUCH.

JMO du 143ème : 19 mars 1915 : Repos à Suippes. Arrivée d'un renfort comprenant, 1 aspirant, 3 sergents, 4 caporaux , 76 hommes; Le Régiment va relever le 15ème en 1ère ligne.

Après un court repos et un renfort de 5 officiers et 466 hommes, le 143ème relève le Régiment Marocain, le 25 mars, non loin du Bois Sabot, dans le secteur de Mesnil les Hurlus et le Trapèze. Relèves tournantes, 2 bataillons en lignes, 1 bataillon au repos à Sommes-Suippes.

26 MARS  26 MARS  26 mars 1915 : Je ne reçois pas de vos nouvelles, je n'en ai pas reçu depuis que le petit Marcel et la petite Marcelle m'ont envoyé la carte. Tous les autres en recoivent régulièrement. Je vous promets que je trouve le temps long. Si tu peux écrit plus souvent, tous les deux jours. Tu n'as pas besoin d'en mettre bien long pour que je sache ... Le colis je ne l'ai pas reçu non plus, mais çà ne me préoccupe pas comme les lettres. DAUCH Jules est en bonne santé. Joseph ANDRIEU je ne l'ai pas revu encore.

JMO du 143ème : 25 mars 1915 : Le Régiment quitte le cantonnement bivouac de Sommes-Tourbe à 17h00 pour aller relever le Régiment Marocain. Les 1er et 3ème Bataillons sont en 1ère ligne. Ils placent dans chaque secteur de Bataillon 2 Compagnies 1/2 dabs les tranchées de tir. 1/2 compagnie en réserve partielle et une Compagnie en réserve de secteur pour le PC du Colonel et la Brigade.

JMO du 143ème : 26 mars 1915 :  Organisation du secteur. Bombardement intermittent et peu intense. Fusillade en dehors du secteur du 143ème, pendant la nuit, vers la côte 196. Pertes 3 tués, 3 blessés. renfort de deux chefs de Bataillons, 2 sous-lieutenants, 2 aspirants, 1 adjudant, 2 sergent-major, 1 fourrier et 17 sergents affectés au Régiment. 

Les périodes en premières lignes sont pénibles et à peine moins meurtrières que les périodes d'offensives. On est à quelques mètres des boches, les grenades, les crapouillots, les torpilles, démolissent les tranchées . La sournoise guerre des mines bat son plein. On se tue sans se voir. Les cadavres, à peine enterrés, sont éparpillés en morceaux sur les vivants par les bombardements.

Le 143ème laisse dans la craie champenoise : 3 officiers, 19 sous-officiers, et 297 soldats.

Il va se préparer à la grande attaque de champagne dans le région de Valmy.

10 mai  10 mai  10 mai 1915 : Mon cher André, je t'envoie cette carte pour te souhaiter une bonne fête ainsi qu'à toute la famille. Tu embrasseras tous les parnts pour moi, çà va te donner du travail mais il ne sera pas bien pénible. Ton père qui t'embrasse bien fort. ( André est né en 1903, il a 12 ans)

10 mai  10 mai  10 mai 1915 : Mon cher Marcel, je t'envoie cette jolie carte que m'a donné un camarade qui vient d'arriver de l'hôpital et qui était parti avec moi. Tu embrasseras la petite Marcelle ainsi que grand-père et grand-mère pour moi. En même temps que des gros poutous. Ton petit papa qui t'aime beaucoup. (Marcel est né en 1910, il a 5 ans. Marcelle est la fille de François le frère de Henri).

JMO du 143ème : 10 mai 1915 : Journée calme, pas de concours demandé de l'artillerie. En exécution de l'ordre d'opération de la 32ème D.I.et de la nouvelle répartition des Bataillons sur le front de cette unité, le 3ème bataillon relève à partir de 19h00 le 2ème Bataillon et son secteur s'étend depuis l'extrémité est du boyau Laurun jusqu'à la sape Hébrard incluse. Le 2ème Bataillon va bivouaquer, 2 Compagnis à 189 ouest et Hurlus. 2 Compagnies avec le chef de Bataillon dans un bois situé à 1500m au sud du PC du Colonel. Le 1er Bataillon concourre à partir de 11h00 à la relève d'un bataillon du 53ème. Pertes 2 blessés.

31 mai  31 mai  31 mai 1915 : Chère Maria, je viens de recevoir à l'instant ta lettre et le colis avec les oeufs mais ils sont crevés. Nous allons les éplucher et les mettre en salade pour ce soir, je te remercie beaucoup. Quant à la photographie dont je te parlais, je ne crois pas revenir à Sommes-Suippes. Mais tu auras toujours celle que nous a tiré le Lieutenant et qui je pense arriveront bientôt. Tu verras que je suis un peu noir mais je n'ai pas maigri. Je suis toujours pareil, tu n'as pas à te faire de mauvais sang. Tu me dis si je veux quelquechose pour mettre dans l'eau, j'ai un flacon de menthe que j'ai acheté à Nîmes. Aujourd'hui j'ai lavé tout mon linge et je te promets qu'il est sec. Je n'ai toujours pas eu de nouvelles de mon frère, il me tarde d'en recevoir. Bien le boujour à tous les voisins.
P.S. : de ce village j'en suis à trois kilomètres.

JMO du 143ème : 30 mai 1915 : Le Bataillon B du 143ème (1er) est relevé à 21h00 par le 2ème Bataillon du 15ème.

15 JUIN  15 JUIN  15 juin 1915 :  Mon cher André, je viens de recevoir à l'instant la lettre du 11 juin. Tu diras à Henriette qu'elle m'envoie la mesure du doigt, pour lui faire une bague.

15 juin  15 juin  15 juin 1915 : Mon cher petit Marcel, tu diras à maman qu'hier une compagnie bôche s'est rendue sans se battre à 12 kilomètres sur notre gauche. Ce n'est pas mauvais signe.

20 juin  20 juin  20 juin 1915 : Chère Maria, je fais réponse à ta lettre du 15. Au sujet du billet de 5 fr, je te l'ai dit sur une lettre que je l'avais reçu. Peut-être que la lettre s'est égarée. J'ai reçu le mandat que tu m'as envoyé. Je te dirais que tu n'avais pas besoin de m'en envoyer. Avec le billet de 5 fr j'en avais assez. J'en aurai pour plus longtemps. Je suis toujours aux tranchées, nous ne sommes relevés qu'après-demain. Ici il fait beau temps, je suis en bonne santé, ainsi que DAUCH.

JMO du 143ème : 20 juin 1915 : Bataillon S, l'ennemi a lancé dans la matinée quelques bombes de divers calibres sur tout le front du Bataillon, sur la Compagnie de droite quelques grosses torpilles. Tir d'infanterie nul. Vers 13 heures, quelques 77 sont tombés à l'ouest du Bois des Moutons. Bataillon A, duel ininterrompu de bombesà la Compagnis de gauche, où l'ennemi a lancé des torpilles qui sont tombées en arrière de la 2ème ligne vers le boyau Laurin. Le parapet a été démoli sur une longueur de 20 m. Le concours de l'artillerie a été demandé à 15h30 pour exécuter un tir préventif sur l'emplacement de gros Minenwerfer, un peu au nord-ouest du front C. Les grosses bombes sont devenues plus rares. Les travaux d'aménagement de l'entonnoir se poursuivent activement. A 21h30 un violent échange de bombes et de grenades à la Compagnie du centre qui dure une partie de la nuit. A 22h30 violente fusillade sur notre droite vers 196. Pertes 3 tués, 18 blessés.
JMO du 143ème : 22 mars 1915 : Le Bataillon S est relevé par un Bataillon du 42ème Colonial à 21h00. Bataillon A, le Bataillon est relevé à 23h0.

21 juin  21 juin  21 juin 1915 : Chère Maria, j'ai reçu la lettre du 16 hier soir. Je vois qu'à Saint Nicolas c'est toujours pareil. J'ai reçu une lettre de CANTAREL, j'ai su par lui que mon frère se portait bien et qu'il changeait de secteur. Ils ne savent pas où ils vont. Ici c'est toujours pareil, il parait que nous allons être relevés. Je te dirais que les six jours que nous passons en premières lignes, j'ai travaillé tout le temps à faire des cagnas sous-terre. RACHAL, le camarade a été blessé à l'oeil, je pense qu'il a été évacué.

23 juin  23 juin  23 juin 1915 : Chère Maria, nous sommes relevés depuis hier soir par des coloniaux. Il parait que nous allons avoir une dizaine de jours de repos. Je crois qu'ils ne seront pas volés car nous sommes esquintés. C'était un sale secteur, nous y avons laissé des plumes. Hier, j'ai reçu une lettre de mon frère, il se porte bien. Il est à quatre kilomètres de Commercy. Il faut espérer qu'ils seront aussi bien qu'on l 'était.

24 juin  24 juin  24 juin 1915 : Sommes-Suippes. Nous sommes au repos depuis avant-hier. Nous avons été relevés par les coloniaux et nous sommes à Sommes-Suippes. Dans un cantonnement très propre où l'on peut se laver à volonté. Ce soir je vais souper avec DAUCH à la cuisine. Il y en a quelques uns qui s'appellent Jean et nous allons fêter un peu leur fête. Après quelques mois de fatigues et quelquefois de privations, nous allons nous mettre quelquechose sous la dent. Pour le moment nous oublierons le bruit des bombes et le crépitement des mitrailleuses.

 27 juin  27 juin  27 juin 1915 : Sommes-Suippes. Ma chère Maria, hier je n'ai pas eu le temps d'écrire aussi je m'empresse de le faire. Nous sommes toujourd au repos et je mange tous les jours avec DAUCH vu que nous faisons la cuisine ensemble. Hier nous avons fait une cuisine épatante, un bon vermicelle et le bouilli avec de la sauce à la tomate, une salade et de la confiture pour dessert. Et le soir une sauce au vin, quelque chose de délicieux. Ce matin je suis allé à la messe militaire qui a été dite par l'aumonier à 8h30. RACHAL a été blessé, comme je te l'ai dit, il a perdu un oeil et de l'autre il n'y voit pas trop. Ce serait malheureux s'il était aveugle.

29 juin  29 juin  29 juin 1915 :Sommes-Suippes. Ma chère Maria, hier je n'ai pas eu le temps d'écrire aussi je m'empresse de le faire. Hier j'ai reçu ta lettre du 24 ainsi que celle de ma filleule Henriette et de Anna. Tu leurs souhaiteras le bonjour de ma part, j'ai été très content de recevoir de leurs nouvelles. Nous avons encore trois jours de repos et nous revenons au même secteur. Pour le moment on ne se fait pas de la bile. Comme nourriture nous sommes très bien et du vin nous en avons à volonté. Les cuisiniers ne sont pas les plus mal soignés. Hier soir nous avions des abricots en conserve pour dessert, arrangés avec de l'eau de vie et du sucre. Cher petit Marcel je suis très content de toi tu m'envoies toujours des poutous aussi je te porterai ce que tu m'as demandé.

1 JUILLET  1 JUILLET  1er juillet 1915 : Cher petit Marcel, ton petit papa qui t'envoie mille poutous. Tu embrasseras maman, grand-père et grand-mère pour moi.

2 juillet  2 juillet  2 juillet 1915 : Chère Maria, nous sommes revenus dans le bois repris hier soir. Demain soir nous revenons aux tranchées pour six jours. le temps est toujours beau, c'est ce qui nous va . Je suis toujours en bonne santé ainsi que DAUCH Jules. Dans notre secteur rien à signaler, toujours la même chose.

JMO du 143ème : 3 juillet 1915 : Bataillon S, journée peu active, échange de bombes durant toute la journée. A 23h00, le 3ème Bataillon relève le 1er dans la secteur S.

3 juillet  3 juillet  3 juillet 1915 : Chère Maria, j'ai reçu des nouvelles de mon frère. Hier il me disait qu'il n'avait pas reçu de mes nouvelles il y longtemps. Ce n'est pas difficile, le numéro qu'il m'avait envoyé était faux. Il me fallait 34 et il m'avait envoyé 51. Enfin il est en bonne santé c'est l'essentiel. J'ai reçu ta lettre du 30 hier, tu me demandes si j'ai vu RACHAL. Non mais il a écrit qu'il était à Chalons et qu'on allait lui faire l'opération pour lui sortir un petit éclat de bombe. De l'autre oeil il y voit.

7 juillet  7 juillet  7 juillet 1915 : Chère Maria, je te fais réponse de ta lettre du 2 que j'ai reçu hier soir. Je suis aux tranchées encore pour deux jours et puis nous irons en repos pour trois jours. Hier soir il afait orage mais heureusement que la pluie n'a pas été abondante. Cà nous a rafraichi un peu le temps, il fait moins chaud ce matin. RACHAL a écrit, il dit qu'il est guérri et qu'il est réhabillé de neuf pour partir sur le front. Il n'est pas allé plus loin que Chalons, la blessure n'était pas grave sans doute.

9 JUILLET  9 JUILLET  9 Juillet 1915 : Chère Maria, voilà trois jours que je n'ai pas reçu de vos nouvelles. Je pense que ce soir j'en aurai autrement le temps deviendrait long. je suis toujours en bonne santé ainsi que DAUCH. Ce soir nous sommes relevés par le deuxième Bataillon. Au sujet des permissions dont je ta parlais, il y en a 6 qui vont partir demain pour 8 jours. Il y en aura 6 tous les dix jours. DAUCH ira bientôt car il n'a pas été évacué. Quant à moi, avant qu'arrive mon tour j'en ai pour deux ou trois mois.

J.M.O.A partie de 21h00, le 2ème Bataillon relève dans le secteur S le 3ème Bataillon qui va en réserve de secteur au camp bonnefoy.

12 juillet  12 juillet  12 juillet 1915 : Chère Maria, je fais réponse à ta lettre d'hier que j'ai reçu avec plaisir. Au sujet de cet article que tu m'as envoyé, il pourrait y avoir quelquechose de vrai car on fait beaucoup de travaux de défense en arrière. Aujourd'hui j'ai été au vin comme tous les jours quand nous sommes au repos. J'ai vu un type de Saint Arroumex qui est au 80ème qui m'a dit que ROCHE était parti en permission pour 8 jours avant hier. Quand la lettre te sera parvenue, je pense qu'il sera reparti pour le front. DAUCH va partir bientôt, il en part deux tous les jours par Compagnie. Ce soir nous allons repartir pour la tranchée.

13 juillet  13 juillet  13 juillet 1915 : Chère Maria, j'ai reçu ta lettre du 9 hier soir. Ainsi que celle de CANTAREL qui m'a écrit pour me dire qu'il n'avait pas reçu de mes nouvelles. sans doute que la lettre a fait comme celle de mon frère, elle a eu du retard. Je pense que André doit être content quand il va à la pêche. Et surtout quand il attrappe quelque poisson. Il me semble moi aussi que je prendrai un peu de plaisir si je pouvais y aller. Depuis un an bientôt, et dire que quand je loupais un dimanche je trouvais çà long. Enfin, il faut espérer que çà reviendra.

14 juillet  14 juillet  14 juillet 1915 : Chère Maria, je suis en bonne santé et je souhaite que ma présente vous en trouve de même.

15 JUILLET  15 JUILLET  15 juillet 1915 : Chère Maria, ici rien à signaler, le 14 juillet a été tranquille. Il a plu quelque peu. Nous avons eu un litre de vin chacun et un cigare de deux sous. Comme menu, potage, boeuf en sauce tomate, petits pois au jambon et confiture, voilà notre 14 juillet dans les tranchées. 

19 juillet  19 juillet  19 juillet 1915 : Chère Maria, quand la lettre te parviendra, Jules DAUCH sera en permission. Il n'a pu me voir avant de partir, il n'a eu la permission qu'au moment de partir mais enfin çà ne fait rien. Je me dis de ne pas me faire de soucis au sujet des permissions, je ne m'en fais pas. N'ai pas peur je n'y compte que quand çà arrivera je partirais comme les autres. Le temps est un peu plus frais, il a plu quelque peu. Nous sommes au repos depuis hier soir.

JMO du 143ème : 18 juillet 1915 : ...de 21h00 à 23h00, le 2ème Bataillon relève la 3ème dans le secteur A (Trapèze). 

21 juillet  21 juillet  21 juillet 1915 :Mon cher Marcel, je t'envoie cette jolie carte pour te faire voir que ton petit papa pense toujours à toi. J e pense que tu dois faire comme ce petit garçon, travailler beaucoup pour apprendre à lire et à écrire. Ton petit papa qui t'envoie mille poutous. Tu embrasseras maman ainsi que pépé et mémé et la petite Marcelle pour moi. Ainsi que grand-père et grand-mère de la Gravette, la petite Camille, Georgette et la petite Fernande.

25 juillet  25 juillet  25 juillet 1915 : Ma chère Maria, ici c'est toujours pareil, il pleut de temps en temps.

29 JUILLET  29 JUILLET  29 juillet 1915 : Chère Maria, j'ai été au vin aujourd'hui avec Jules et nous avons causé du pays. Je vois que Saint Nicolas n'a pas beaucoup changé depuis le premier de l'an. Il m'a dit que le bétail se vendait beaucoup. Sa femme a vendu un taureau 55f les 50 kilos. C'est dommage que beaucoup ne puissent pas faire ces métairies. Je vais remplacer l'ordonnance du Lieutenant qui part ce soir en permission. Je ne l'ai jamais fait mais çà ne fait rien, ici ce n'est pas bien difficile. Je serais bien plus tranquille.

30 juillet  30 juillet  30 juillet 1915 : Chère Maria, je suis passé ordonnance en pied auprès d'un jeune Lieutenant qui vient d'arriver au Régiment. C'est le Lieutenant BLANCHECOTTE qui vient de m'y faire rentrer. Je ne reviendrai plus au craineau et je serais beaucoup plus tranquille. Quant à la permisson je partirai peut être plus tôt. dans quelques jours je te donnerai plus de renseignements. Encore je ne le connais pas beaucoup. J'ai souhaité le bonjour de ta part à Jules, il t'en souhaite de même ainsi que RACHAL. Le bonjour à tous les parents.

JMO du 143ème : 29 juillet 1915 : Les sous-lieutenant BRAINNE et CLAUDE du 122ème affectés au Régiment rejoignent le 143ème et sont affectés, BRAINNE à la 11ème et CLAUDE à la 4ème.
JMO du 143ème : 14 août 1915  : Composition du régiment au 1er août 1915 : 11ème Compagnie : Ltn BLANCHECOTTE, S/Ltn BRIEL, S/Ltn BRAINNE.

5 aout  5 aout  5 août 1915 : Chère Maria, je fais réponse à ta lettre d'hier ainsi qu'à la carte d'André. Tu me dis que mon frère à froid, que les nuits sont fraiches. Ici il fait chaud et les nuits sont  bien un peu fraiches, seulement je ne les passe plus dehors à présent. Je suis couché dans une bonne cagna à côté de mon Lieutenant. De la paille, tu penses bien que j'en ai d'avantage qu'avant. Si le colis n'est pas parti, tu ne m'enverras pas de conserve, j'ai une boite de thon, de celles que tu m'as envoyé dernièrement. Pour manger je suis mieux que vous autres maintenant. Tu m'enverras une paire de sandales N°42 et une savonnette car au repos c'est très commode. Demain étant au repos j'écrirais.

6 aout  6 aout  6 août 1915 : Chère Maria, pour le moment je suis très content de mon nouvel emploi car je suis bien plus tranquille et comme nourriture je suis trois fois mieux. Nous avons été relevés hier soir, je suis parti avant pour faire une couchette pour le nouveau sous-lieutenant. J'aurai besoin d'un tricot de flanelle, de sandales N°42 et d'une savonnette. Je suis an bonne santé ainsi que Jules et RACHAL.

12 AOÜT  12 août  12 août 1915 : Chère Maria, ici le temps est un peu orageux, il pleut de temps en temps.

JMO du 143ème : 13 août 1915 : Le Lieutenant BLANCHECOTTE est détaché à la Compagnie du Génie 16/2 bis.

Les 25 et 26 août, le Régiment est relevé et cantonne à Gizaucourt. Le 29 août le Régiment se rend à un nouveau cantonnement  situé à 2500m au sud-ouest de Somme-Bionne à la côte 199. Des travaux de cantonnement sont exécutés jusqu'au 3 septembre.

JMO du 143ème : 30 août 1915 : ...Plusieurs ateliers de charpentiers, sous la direction des pionniers et des sapeurs du Régiment, ont été organisés dans chacun des Bataillons. Chaque Bataillon a à exécuter, en plus de 32 abris de Compagnies, 4 abris de 8 mètres de longueur poue les officiers de Compagnie et un pour le Chef de Bataillon. Chaque Bataillon a à sa dispositin 100 hommes par Compagnies munis d'outils et fournissant 8 heures de travail effectif par jour.

Le 4 septembre, le Régiment se rend sur un nouveau bivouac à la côte 166, 2km à l'est de Laval.
Le 9 septembre, le Régiment se déplace à Dampierre le Château.
Le 19 septembre, le Régiment se rend à Valmy et Orbeval.
Le 24 septembre, le 143ème se rend à sur les pentes sud et sud-est de la côte 196. Il va participer à l'offensive.

LA MAIN DE MASSIGES ET LE MONT TETU                main

Le 26 septembre, sous le commandement du Lieutenant-Colonel HENRY, le régiment attaque les pentes du Mont Têtu. Il a comme objectif : le boyau Moltke d'abord et le Mont Têtu ensuite.

La traversée du ravin du ruisseau de l'étang s'effectue sous le feu de l'artillerie et des mitrailleuses ennemies. Malgré les pertes sensibles, les poilus n'hésitent pas. Les compagnies progressent avec rapidité, chargent à la baïonnette les tranchées ennemies. Le boche est débordé, les prisonniers ennemis nombreux. La ligne de défense du Mont Têtu est brisée.

Le régiment a perdu dans ce combat 7 officiers, 231 hommes blessés, 49 tués. Le Sous-Lieutenant BRAINNE a été blessé ce jour.

L'ennemi profite de la nuit pour se réorganiser.

Jusqu'au 28 septembre, le 143ème continue l'attaque en direction de la ferme Chausson. Le terrain gagné est faible mais les contre-attaques ennemies sont contenues.

Du 29 septembre au 5 octobre, les positions sont maintenues au prix de pertes importantes.

Le 6 octobre, reprise de l'attaque sur la ferme Chausson,l a préparation de notre artillerie est insuffisante,  les vagues d'assaut sont fauchées dés qu'elles sortent des tranchées. Une partie de la première vague d'assaut progresse plus loin mais est décimée par les mitrailleuses ennemies. Les contre-attaques sont contenues.

Les attaques des journées de Massiges et du Mont Têtu ont coûté 207 tués, 687 blessés et 191 disparus.

TAHURE : 26 octobre – 31 octobre    tahure

Le 7 octobre, le 143ème est relevé par le 15ème. En réserve à proximité il reçoit des obus à gaz.
En repos du 9 au 22 octobre au camp Joffre, entre la Croix en Champagne et Aune.
Le 24 octobre il relève le 272ème à Sommepy-Tahure.

Le 30 octobre, l'ennemi bombarde violemment les lignes françaises, puis il attaque avec des moyens formidables jusqu'au 1er novembre.
La 32ème Division a tenu bon. Le 143ème a perdu 80 tués et 218 blessés. Il a contribué à l'échec complet d'une tentative ennemie menée par 17 bataillons.

Le régiment stationne pendant le mois de novembre à Saint Rémy sur Bussy. Le 29 novembre, il embarque à Saint Hilaire du Temple, pour prendre un repos mérité dans la région d'Epernay. Le 3ème Bataillon cantonne à Laneuville aux Larris. Le 143ème reçoit des renforts, les instruit au camp de Romigny, puis se rend au secteur de Soissons ( Saint Vaast).
Le secteur est assez calme, les pertes légères et les installations confortables.

3 novembre  3 novembre  3 novembre 1915 : Chère Maria, je vais te dire qu'ici nous sommes bien car on vient de nous dire que les permissions allaient être augmentées du double. J'aurai peut-être la chance de partir bientôt.

Extrait du JMO de la dirction du service de santé du 16ème Corps d'Armées : 16 octobre 1915, l'Ambulance 6 va à Courtisols assurer le traitement des inévacuables laissés par le 14ème C.A. et pour faire fonctionner le dépôt d'éclopés du C.A..

7 novembre  7 novembre  7 novembre 1915 : Ma chère Maria, je vous envoie une vue d'où je suis. Le village a sept kilomètres de long au bord d'une petite rivière. je te promets qu'il ne manque pas d'éclopés, il en part et il en arrive tous les jours. Hier j'ai été au champ d'aviation. Aujourd'hui nous irons un peu plus loin d'un autre côté. On trouve le temps moins long et puis çà fait du bien de respirer le bon air. J'ai écrit hier à l'ordonnance du Lieutenant pour me faire envoyer les lettres qui arrivent à la Compagnie. 

9 novembre  9 novembre  9 novembre 1915 : Je viens de passer la visite à l'instant, c'est un médecin très chic, il m'a dit de continuer les massages et de revenir le 13 à la visite. Je ne souffre pas, seulement le genoux est un peu enflé. Si j'étais à la maison çà m'empêcherait de travailler. J'ai su hier qu'un détachement de permissionnaires était parti le 4 de notre Compagnie, peut-être je serai parti. J'espère que quand je rentrerai à la Compagnie je partirai dans les premiers. Cest une vue d'où je suis.

15 NOVEMBRE  15 NOVEMBRE  15 Novembre 1915 : Chère Maria, je suis toujours à Courtisols. Le temps est toujours mauvais, il neige et fonds de suite, tu penses s'il y a de la boue. Aujourd'hui je n'ai pas encore reçu de vos nouvelles, peut-être demain. Le genoux me fait moins mal, on m'y met de la teiture d'iode maintennat enveloppé avec du coton hydrophile, je te promets que j'y ai pas froid. Surtout quand tu m'enverras le colis, n'oublies pas d'y mettre le Régiment et la Compagnie ainsi que le secteur en cas que j'ai rejoint le Régiment.  

23 novembre  23 novembre  23 novembre 1915 : Chère Maria, aujourd'hui il fait bien froid, il a gelé bien fort et du brouillard qu'on y voit pas à deux pas. Si çà continue, l'hiver va être bien froid.

Extrait du JMO de la dirction du service de santé du 16ème Corps d'Armées : 7 décembre 1915, la S.S.A. 108 quitte également Sommes-Tourbes pour rejoindre la 32ème Division. Elle prend, en passant à Courtisols, 77 éclopés de la 32ème D.I. qui étaient en traitement au D.E. et les rends à leur Division.

14 décembre  14 décembre  14 décembre 1915 : Mon cher cousin. (rien d'autre)

14 DECEMBRE  14 DECEMBRE  14 décembre 1915 : Chère Maria, je vais vous annoncer que je vais partir en permission demain ou après-demain. Par conséquent je serai à Saint Nicolas vendredi ou samedi. Je vous embrasse à tous en attendant le plaisir de le faire de plus près.

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 1916