Il reste en réserve jusqu'au 7 mars, jour où la 64ème Brigade attaque en Champagne une position ennemie très défendue, celle du Bois Sabot, à 1800m à l'ouest de Souain.
La position du Bois Sabot est attaquée le 7 mars par le 15ème R.I.. Le 143ème reste en réserve dans la tranchée de deuxième ligne du Bois Carré.
Le 8 mars, le 143ème s'installe sur le terrain gagné par le 15ème.
Le 9 mars, le 143ème reçoit l'ordre de poursuivre l'attaque en direction de la Côte 170 et du Trou Bricot . Le terrain est bouleversé, la marche est entravée. Les bataillons sont pris à partie par un feu meurtrier d'artillerie lourde et de mitrailleuses. Le 143ème a gagné 100 mètres, de violentes contre attaques ennemies sont enrayées. Ordre est donné de tenir le terrain.
Le 143ème est relevé par le 15ème, le régiment cantonne à Suippes.
9 mars 1915 : Petit
Marcel, je t'envoie cette carte pour te dire que ton petit papa se
porte bien. Il te remercie de la pomme et des oranges que vous m'avez
envoyé, je les ai trouvées excellentes. Tu diras à
maman que tous les camarades se portent bien. Tu souhaiteras le bonjour
à Marie BENAC à BOSC ainsi qu'aux autres voisins.
Le 13 mars, le 143ème relève le 15ème, les préparatifs d'une nouvelle attaque durent jusqu'au 15 mars. L'attaque est déclenchée, les combats sont violents, souvent au corps à corps. Les pertes sont énormes, mais le résultat recherché est atteint par la prise d'un blockhaus, position importante arrachée à la Garde Prussienne. Ces attaques ont coûté au régiment 9 officiers, 29 sous-officiers et 425 soldats morts au Champs d'Honneur.
LE
TRAPEZE – MESNIL LES HURLUS
19 mars 1915 : Il
vient d'arriver un détachement du 80ème pour le
143ème. Il se trouve que Joseph ANDRIEU est du nombre, tu parles
si on est content. Il y a aussi TOILAT de Castelmayran. Jules PLANTADE
est revenu des tranchées ce matin, il est venu me voir, il se
porte bien. Quant à nous, noud allons y revenir ce soir pour
trois jours. Je n'ai pas reçu le colis. Je suis en bonne
santé ainsi que Jules DAUCH.
JMO du 143ème : 19 mars 1915
: Repos à Suippes. Arrivée d'un renfort comprenant, 1
aspirant, 3 sergents, 4 caporaux , 76 hommes; Le Régiment va
relever le 15ème en 1ère ligne.
Après un court repos et un renfort de 5 officiers et 466 hommes, le 143ème relève le Régiment Marocain, le 25 mars, non loin du Bois Sabot, dans le secteur de Mesnil les Hurlus et le Trapèze. Relèves tournantes, 2 bataillons en lignes, 1 bataillon au repos à Sommes-Suippes.
26 mars 1915 : Je
ne reçois pas de vos nouvelles, je n'en ai pas reçu
depuis que le petit Marcel et la petite Marcelle m'ont envoyé la
carte. Tous les autres en recoivent régulièrement. Je
vous promets que je trouve le temps long. Si tu peux écrit plus
souvent, tous les deux jours. Tu n'as pas besoin d'en mettre bien long
pour que je sache ... Le colis je ne l'ai pas reçu non plus,
mais çà ne me préoccupe pas comme les lettres.
DAUCH Jules est en bonne santé. Joseph ANDRIEU je ne l'ai pas
revu encore.
JMO du 143ème : 25 mars 1915 : Le Régiment quitte le cantonnement bivouac de Sommes-Tourbe à 17h00 pour aller relever le Régiment Marocain. Les 1er et 3ème Bataillons sont en 1ère ligne. Ils placent dans chaque secteur de Bataillon 2 Compagnies 1/2 dabs les tranchées de tir. 1/2 compagnie en réserve partielle et une Compagnie en réserve de secteur pour le PC du Colonel et la Brigade.
JMO du 143ème : 26 mars 1915 : Organisation du secteur. Bombardement intermittent et peu intense. Fusillade en dehors du secteur du 143ème, pendant la nuit, vers la côte 196. Pertes 3 tués, 3 blessés. renfort de deux chefs de Bataillons, 2 sous-lieutenants, 2 aspirants, 1 adjudant, 2 sergent-major, 1 fourrier et 17 sergents affectés au Régiment.Les périodes en premières lignes sont pénibles et à peine moins meurtrières que les périodes d'offensives. On est à quelques mètres des boches, les grenades, les crapouillots, les torpilles, démolissent les tranchées . La sournoise guerre des mines bat son plein. On se tue sans se voir. Les cadavres, à peine enterrés, sont éparpillés en morceaux sur les vivants par les bombardements.
Le 143ème laisse dans la craie champenoise : 3 officiers, 19 sous-officiers, et 297 soldats.
Il va se préparer à la grande attaque de champagne dans le région de Valmy.
10 mai 1915 : Mon
cher André, je t'envoie cette carte pour te souhaiter une bonne
fête ainsi qu'à toute la famille. Tu embrasseras tous les
parnts pour moi, çà va te donner du travail mais il ne
sera pas bien pénible. Ton père qui t'embrasse bien fort.
( André est né en 1903, il a 12 ans)
10 mai 1915 : Mon
cher Marcel, je t'envoie cette jolie carte que m'a donné un
camarade qui vient d'arriver de l'hôpital et qui était
parti avec moi. Tu embrasseras la petite Marcelle ainsi que
grand-père et grand-mère pour moi. En même temps
que des gros poutous. Ton petit papa qui t'aime beaucoup. (Marcel est né en 1910, il a 5 ans. Marcelle est la fille de François le frère de Henri).
31 mai 1915 : Chère
Maria, je viens de recevoir à l'instant ta lettre et le colis
avec les oeufs mais ils sont crevés. Nous allons les
éplucher et les mettre en salade pour ce soir, je te remercie
beaucoup. Quant à la photographie dont je te parlais, je ne
crois pas revenir à Sommes-Suippes. Mais tu auras toujours celle
que nous a tiré le Lieutenant et qui je pense arriveront
bientôt. Tu verras que je suis un peu noir mais je n'ai pas
maigri. Je suis toujours pareil, tu n'as pas à te faire de
mauvais sang. Tu me dis si je veux quelquechose pour mettre dans l'eau,
j'ai un flacon de menthe que j'ai acheté à Nîmes.
Aujourd'hui j'ai lavé tout mon linge et je te promets qu'il est
sec. Je n'ai toujours pas eu de nouvelles de mon frère, il me
tarde d'en recevoir. Bien le boujour à tous les voisins.
P.S. : de ce village j'en suis à trois kilomètres.
JMO du 143ème : 30 mai 1915 : Le Bataillon B du 143ème (1er) est relevé à 21h00 par le 2ème Bataillon du 15ème.
15 juin 1915
: Mon cher André, je viens de recevoir à l'instant
la lettre du 11 juin. Tu diras à Henriette qu'elle m'envoie la
mesure du doigt, pour lui faire une bague.
15 juin 1915 : Mon
cher petit Marcel, tu diras à maman qu'hier une compagnie
bôche s'est rendue sans se battre à 12 kilomètres
sur notre gauche. Ce n'est pas mauvais signe.
20 juin 1915
: Chère Maria, je fais réponse à ta lettre du 15.
Au sujet du billet de 5 fr, je te l'ai dit sur une lettre que je
l'avais reçu. Peut-être que la lettre s'est
égarée. J'ai reçu le mandat que tu m'as
envoyé. Je te dirais que tu n'avais pas besoin de m'en envoyer.
Avec le billet de 5 fr j'en avais assez. J'en aurai pour plus
longtemps. Je suis toujours aux tranchées, nous ne sommes
relevés qu'après-demain. Ici il fait beau temps, je suis
en bonne santé, ainsi que DAUCH.
21 juin 1915
: Chère Maria, j'ai reçu la lettre du 16 hier soir. Je
vois qu'à Saint Nicolas c'est toujours pareil. J'ai reçu
une lettre de CANTAREL, j'ai su par lui que mon frère se portait
bien et qu'il changeait de secteur. Ils ne savent pas où ils
vont. Ici c'est toujours pareil, il parait que nous allons être
relevés. Je te dirais que les six jours que nous passons en
premières lignes, j'ai travaillé tout le temps à
faire des cagnas sous-terre. RACHAL, le camarade a été
blessé à l'oeil, je pense qu'il a été
évacué.
23 juin 1915 :
Chère Maria, nous sommes relevés depuis hier soir par des
coloniaux. Il parait que nous allons avoir une dizaine de jours de
repos. Je crois qu'ils ne seront pas volés car nous sommes
esquintés. C'était un sale secteur, nous y avons
laissé des plumes. Hier, j'ai reçu une lettre de mon
frère, il se porte bien. Il est à quatre
kilomètres de Commercy. Il faut espérer qu'ils seront
aussi bien qu'on l 'était.
24 juin 1915 : Sommes-Suippes.
Nous sommes au repos depuis avant-hier. Nous avons été
relevés par les coloniaux et nous sommes à
Sommes-Suippes. Dans un cantonnement très propre où l'on
peut se laver à volonté. Ce soir je vais souper avec
DAUCH à la cuisine. Il y en a quelques uns qui s'appellent Jean
et nous allons fêter un peu leur fête. Après
quelques mois de fatigues et quelquefois de privations, nous allons
nous mettre quelquechose sous la dent. Pour le moment nous oublierons
le bruit des bombes et le crépitement des mitrailleuses.
27 juin 1915 : Sommes-Suippes. Ma
chère Maria, hier je n'ai pas eu le temps d'écrire aussi
je m'empresse de le faire. Nous sommes toujourd au repos et je mange
tous les jours avec DAUCH vu que nous faisons la cuisine ensemble. Hier
nous avons fait une cuisine épatante, un bon vermicelle et le
bouilli avec de la sauce à la tomate, une salade et de la
confiture pour dessert. Et le soir une sauce au vin, quelque chose de
délicieux. Ce matin je suis allé à la messe
militaire qui a été dite par l'aumonier à 8h30.
RACHAL a été blessé, comme je te l'ai dit, il a
perdu un oeil et de l'autre il n'y voit pas trop. Ce serait malheureux
s'il était aveugle.
29 juin 1915 :Sommes-Suippes. Ma chère Maria, hier je n'ai pas
eu le temps d'écrire aussi je m'empresse de le faire. Hier j'ai reçu ta
lettre du 24 ainsi que celle de ma filleule Henriette et de Anna. Tu
leurs souhaiteras le bonjour de ma part, j'ai été très content de
recevoir de leurs nouvelles. Nous avons encore trois jours de repos et
nous revenons au même secteur. Pour le moment on ne se fait pas de la
bile. Comme nourriture nous sommes très bien et du vin nous en avons à
volonté. Les cuisiniers ne sont pas les plus mal soignés. Hier soir
nous avions des abricots en conserve pour dessert, arrangés avec de
l'eau de vie et du sucre. Cher petit Marcel je suis très content de toi
tu m'envoies toujours des poutous aussi je te porterai ce que tu m'as
demandé.
1er juillet 1915
: Cher petit Marcel, ton petit papa qui t'envoie mille poutous. Tu
embrasseras maman, grand-père et grand-mère pour moi.
2 juillet 1915
: Chère Maria, nous sommes revenus dans le bois repris hier
soir. Demain soir nous revenons aux tranchées pour six jours. le
temps est toujours beau, c'est ce qui nous va . Je suis toujours en
bonne santé ainsi que DAUCH Jules. Dans notre secteur rien
à signaler, toujours la même chose.
3 juillet 1915
: Chère Maria, j'ai reçu des nouvelles de mon
frère. Hier il me disait qu'il n'avait pas reçu de mes
nouvelles il y longtemps. Ce n'est pas difficile, le numéro
qu'il m'avait envoyé était faux. Il me fallait 34 et il
m'avait envoyé 51. Enfin il est en bonne santé c'est
l'essentiel. J'ai reçu ta lettre du 30 hier, tu me demandes si
j'ai vu RACHAL. Non mais il a écrit qu'il était à
Chalons et qu'on allait lui faire l'opération pour lui sortir un
petit éclat de bombe. De l'autre oeil il y voit.
7 juillet 1915
: Chère Maria, je te fais réponse de ta lettre du 2 que
j'ai reçu hier soir. Je suis aux tranchées encore pour
deux jours et puis nous irons en repos pour trois jours. Hier soir il
afait orage mais heureusement que la pluie n'a pas été
abondante. Cà nous a rafraichi un peu le temps, il fait moins
chaud ce matin. RACHAL a écrit, il dit qu'il est guérri
et qu'il est réhabillé de neuf pour partir sur le front.
Il n'est pas allé plus loin que Chalons, la blessure
n'était pas grave sans doute.
9 Juillet 1915
: Chère Maria, voilà trois jours que je n'ai pas
reçu de vos nouvelles. Je pense que ce soir j'en aurai autrement
le temps deviendrait long. je suis toujours en bonne santé ainsi
que DAUCH. Ce soir nous sommes relevés par le deuxième
Bataillon. Au sujet des permissions dont je ta parlais, il y en a 6 qui
vont partir demain pour 8 jours. Il y en aura 6 tous les dix jours.
DAUCH ira bientôt car il n'a pas été
évacué. Quant à moi, avant qu'arrive mon tour j'en
ai pour deux ou trois mois.
J.M.O. : A partie de 21h00, le 2ème Bataillon relève dans le secteur S le 3ème Bataillon qui va en réserve de secteur au camp bonnefoy.
12 juillet 1915
: Chère Maria, je fais réponse à ta lettre d'hier
que j'ai reçu avec plaisir. Au sujet de cet article que tu m'as
envoyé, il pourrait y avoir quelquechose de vrai car on fait
beaucoup de travaux de défense en arrière. Aujourd'hui
j'ai été au vin comme tous les jours quand nous sommes au
repos. J'ai vu un type de Saint Arroumex qui est au 80ème qui
m'a dit que ROCHE était parti en permission pour 8 jours avant
hier. Quand la lettre te sera parvenue, je pense qu'il sera reparti
pour le front. DAUCH va partir bientôt, il en part deux tous les
jours par Compagnie. Ce soir nous allons repartir pour la
tranchée.
13 juillet 1915
: Chère Maria, j'ai reçu ta lettre du 9 hier soir. Ainsi
que celle de CANTAREL qui m'a écrit pour me dire qu'il n'avait
pas reçu de mes nouvelles. sans doute que la lettre a fait comme
celle de mon frère, elle a eu du retard. Je pense que
André doit être content quand il va à la
pêche. Et surtout quand il attrappe quelque poisson. Il me semble
moi aussi que je prendrai un peu de plaisir si je pouvais y aller.
Depuis un an bientôt, et dire que quand je loupais un dimanche je
trouvais çà long. Enfin, il faut espérer que
çà reviendra.
14 juillet 1915 : Chère Maria, je suis en bonne santé et je souhaite que ma présente vous en trouve de même.
15 juillet 1915
: Chère Maria, ici rien à signaler, le 14 juillet a
été tranquille. Il a plu quelque peu. Nous avons eu
un litre de vin chacun et un cigare de deux sous. Comme menu, potage,
boeuf en sauce tomate, petits pois au jambon et confiture, voilà
notre 14 juillet dans les tranchées.
19 juillet 1915
: Chère Maria, quand la lettre te parviendra, Jules DAUCH sera
en permission. Il n'a pu me voir avant de partir, il n'a eu la
permission qu'au moment de partir mais enfin çà ne fait
rien. Je me dis de ne pas me faire de soucis au sujet des permissions,
je ne m'en fais pas. N'ai pas peur je n'y compte que quand
çà arrivera je partirais comme les autres. Le temps est
un peu plus frais, il a plu quelque peu. Nous sommes au repos depuis
hier soir.
21 juillet 1915
:Mon cher Marcel, je t'envoie cette jolie carte pour te faire voir que
ton petit papa pense toujours à toi. J e pense que tu dois faire
comme ce petit garçon, travailler beaucoup pour apprendre
à lire et à écrire. Ton petit papa qui t'envoie
mille poutous. Tu embrasseras maman ainsi que pépé et
mémé et la petite Marcelle pour moi. Ainsi que
grand-père et grand-mère de la Gravette, la petite
Camille, Georgette et la petite Fernande.
25 juillet 1915 : Ma chère Maria, ici c'est toujours pareil, il pleut de temps en temps.
29 juillet 1915
: Chère Maria, j'ai été au vin aujourd'hui avec
Jules et nous avons causé du pays. Je vois que Saint Nicolas n'a
pas beaucoup changé depuis le premier de l'an. Il m'a dit que le
bétail se vendait beaucoup. Sa femme a vendu un taureau 55f les
50 kilos. C'est dommage que beaucoup ne puissent pas faire ces
métairies. Je vais remplacer l'ordonnance du Lieutenant qui part
ce soir en permission. Je ne l'ai jamais fait mais çà ne
fait rien, ici ce n'est pas bien difficile. Je serais bien plus
tranquille.
30 juillet 1915 : Chère
Maria, je suis passé ordonnance en pied auprès d'un jeune
Lieutenant qui vient d'arriver au Régiment. C'est le Lieutenant
BLANCHECOTTE qui vient de m'y faire rentrer. Je ne reviendrai plus au
craineau et je serais beaucoup plus tranquille. Quant à la
permisson je partirai peut être plus tôt. dans quelques
jours je te donnerai plus de renseignements. Encore je ne le connais
pas beaucoup. J'ai souhaité le bonjour de ta part à
Jules, il t'en souhaite de même ainsi que RACHAL. Le bonjour
à tous les parents.
JMO du 143ème : 29 juillet 1915 : Les sous-lieutenant BRAINNE et CLAUDE du 122ème affectés au Régiment rejoignent le 143ème et sont affectés, BRAINNE à la 11ème et CLAUDE à la 4ème.
5 août 1915 : Chère
Maria, je fais réponse à ta lettre d'hier ainsi
qu'à la carte d'André. Tu me dis que mon frère
à froid, que les nuits sont fraiches. Ici il fait chaud et les
nuits sont bien un peu fraiches, seulement je ne les passe plus
dehors à présent. Je suis couché dans une bonne
cagna à côté de mon Lieutenant. De la paille, tu
penses bien que j'en ai d'avantage qu'avant. Si le colis n'est pas
parti, tu ne m'enverras pas de conserve, j'ai une boite de thon, de
celles que tu m'as envoyé dernièrement. Pour manger je
suis mieux que vous autres maintenant. Tu m'enverras une paire de
sandales N°42 et une savonnette car au repos c'est très
commode. Demain étant au repos j'écrirais.
6 août 1915 :
Chère Maria, pour le moment je suis très content de mon
nouvel emploi car je suis bien plus tranquille et comme nourriture je
suis trois fois mieux. Nous avons été relevés hier
soir, je suis parti avant pour faire une couchette pour le nouveau
sous-lieutenant. J'aurai besoin d'un tricot de flanelle, de sandales
N°42 et d'une savonnette. Je suis an bonne santé ainsi que
Jules et RACHAL.
12 août 1915 : Chère Maria, ici le temps est un peu orageux, il pleut de temps en temps.
JMO du 143ème : 13 août 1915 : Le Lieutenant BLANCHECOTTE est détaché à la Compagnie du Génie 16/2 bis.
LA
MAIN DE MASSIGES ET LE MONT TETU
Le 26 septembre, sous le commandement du Lieutenant-Colonel HENRY, le régiment attaque les pentes du Mont Têtu. Il a comme objectif : le boyau Moltke d'abord et le Mont Têtu ensuite.
La traversée du ravin du ruisseau de l'étang s'effectue sous le feu de l'artillerie et des mitrailleuses ennemies. Malgré les pertes sensibles, les poilus n'hésitent pas. Les compagnies progressent avec rapidité, chargent à la baïonnette les tranchées ennemies. Le boche est débordé, les prisonniers ennemis nombreux. La ligne de défense du Mont Têtu est brisée.
Le régiment a perdu dans ce combat 7 officiers, 231 hommes blessés, 49 tués. Le Sous-Lieutenant BRAINNE a été blessé ce jour.
L'ennemi profite de la nuit pour se réorganiser.
Jusqu'au 28 septembre, le 143ème continue l'attaque en direction de la ferme Chausson. Le terrain gagné est faible mais les contre-attaques ennemies sont contenues.
Du 29 septembre au 5 octobre, les positions sont maintenues au prix de pertes importantes.
Le 6 octobre, reprise de l'attaque sur la ferme Chausson,l a préparation de notre artillerie est insuffisante, les vagues d'assaut sont fauchées dés qu'elles sortent des tranchées. Une partie de la première vague d'assaut progresse plus loin mais est décimée par les mitrailleuses ennemies. Les contre-attaques sont contenues.
Les attaques des journées de Massiges et du Mont Têtu ont coûté 207 tués, 687 blessés et 191 disparus.
TAHURE
: 26 octobre – 31 octobre
Le 7 octobre, le 143ème est relevé par le 15ème. En
réserve à proximité il reçoit des obus à gaz.
En repos du 9 au 22 octobre au camp Joffre, entre la
Croix en Champagne et Aune.
Le 24 octobre il relève le 272ème à Sommepy-Tahure.
Le 30 octobre, l'ennemi bombarde violemment les lignes
françaises, puis il attaque avec des moyens formidables jusqu'au 1er
novembre.
La 32ème Division a tenu bon. Le 143ème a perdu 80
tués et 218 blessés. Il a contribué à l'échec complet d'une
tentative ennemie menée par 17 bataillons.
Le régiment stationne pendant le mois de novembre à
Saint Rémy sur Bussy. Le 29 novembre, il embarque à Saint Hilaire du Temple,
pour prendre un repos mérité dans la région d'Epernay. Le 3ème Bataillon cantonne à Laneuville aux Larris. Le 143ème reçoit
des renforts, les instruit au camp de Romigny, puis se rend au
secteur de Soissons ( Saint Vaast).
Le secteur est assez calme, les pertes légères et les
installations confortables.
3 novembre 1915 : Chère
Maria, je vais te dire qu'ici nous sommes bien car on vient de nous
dire que les permissions allaient être augmentées du
double. J'aurai peut-être la chance de partir bientôt.
Extrait du JMO de la dirction du service de santé du 16ème Corps d'Armées : 16 octobre 1915, l'Ambulance 6 va à Courtisols assurer le traitement des inévacuables laissés par le 14ème C.A. et pour faire fonctionner le dépôt d'éclopés du C.A..
7 novembre 1915 : Ma
chère Maria, je vous envoie une vue d'où je suis. Le
village a sept kilomètres de long au bord d'une petite
rivière. je te promets qu'il ne manque pas
d'éclopés, il en part et il en arrive tous les jours.
Hier j'ai été au champ d'aviation. Aujourd'hui nous irons
un peu plus loin d'un autre côté. On trouve le temps moins
long et puis çà fait du bien de respirer le bon air. J'ai
écrit hier à l'ordonnance du Lieutenant pour me faire
envoyer les lettres qui arrivent à la Compagnie.
9 novembre 1915 : Je
viens de passer la visite à l'instant, c'est un médecin
très chic, il m'a dit de continuer les massages et de revenir le
13 à la visite. Je ne souffre pas, seulement le genoux est un
peu enflé. Si j'étais à la maison çà
m'empêcherait de travailler. J'ai su hier qu'un
détachement de permissionnaires était parti le 4 de notre
Compagnie, peut-être je serai parti. J'espère que quand je
rentrerai à la Compagnie je partirai dans les premiers. Cest une
vue d'où je suis.
15 Novembre 1915
: Chère Maria, je suis toujours à Courtisols. Le temps
est toujours mauvais, il neige et fonds de suite, tu penses s'il y a de
la boue. Aujourd'hui je n'ai pas encore reçu de vos nouvelles,
peut-être demain. Le genoux me fait moins mal, on m'y met de la
teiture d'iode maintennat enveloppé avec du coton hydrophile, je
te promets que j'y ai pas froid. Surtout quand tu m'enverras le colis,
n'oublies pas d'y mettre le Régiment et la Compagnie ainsi que
le secteur en cas que j'ai rejoint le Régiment.
23 novembre 1915
: Chère Maria, aujourd'hui il fait bien froid, il a gelé
bien fort et du brouillard qu'on y voit pas à deux pas. Si
çà continue, l'hiver va être bien froid.
14 décembre 1915 : Mon cher cousin. (rien d'autre)
14 décembre 1915 : Chère
Maria, je vais vous annoncer que je vais partir en permission demain ou
après-demain. Par conséquent je serai à Saint
Nicolas vendredi ou samedi. Je vous embrasse à tous en attendant
le plaisir de le faire de plus près.